Pour palper du doigt la situation sanitaire déplorable à la Prison Centrale de Makala ( PCM), le ministre de la Santé Auguste Mopipi Mukulumanya a effectué hier dimanche, une visite dans ce centre carcéral, afin d’évaluer l’ampleur de dégâts et apporter l’aide nécessaire. Dans sa gibecière, le numéro 1 de la Santé a amené des médicaments ( prométhazine, aspirine, amoxyciline, paracétamol, etc.), des détergents, du chlore, des brosses, des balais et autres produits de désinfection. Face à l’insalubrité ambiante, une équipe de désinfecteurs s’est aussitôt mise à l’oeuvre en pulvérisant divers produits, afin d’assainir quelques pièces susceptibles de contamination.
Aussitôt la ronde terminée dans l’enceinte et aux alentours de la prison, Mopipi a indiqué que le gouvernement central intervenait pour répondre à cette calamité en apportant une aide médicale substantielle au corps médical de cet établissement pénitentiaire. Constat révoltant du ministre de la Santé, des problèmes cruciaux tels que la défaillance d’assainissement, la promiscuité, le manque d’adduction d’eau potable, l’absence d’une prise en charge nutritionnelle ou encore psychosociale, etc.
Apparue depuis le mois d’avril, selon le Dr Mabengo Gabriel, médecin directeur du centre médical pénitentiaire, la maladie a infecté jusqu’au mois d’août dernier près de 116 personnes. Cependant, regrette-t-il, les médicaments pour y face n’arrivent pas régulièrement. « Seule la Croix-Rouge nous a fait parvenir de médicaments et récemment le ministre provincial de la Santé nous a apporté une aide. Nous apprécions l’aide de ce jour du ministre de la Santé, car elle nous sera utile » s’est réjoui le Dr Mabengo, tout en rappelant que c’est pour la deuxième fois que cette épidémie s’est déclarée en une année.
Prison ou mouroir ?
Quant aux pensionnaires eux-mêmes, ils ont affirmé à la presse que les conditions de détention dans ce geôle kinois ressemblent de plus en plus aux « camps de déportation » de l’ère nazie. Et pour preuve, il n’y existe aucune prise en charge de malades. Le dispensaire n’existe que de nom. Pour tout équipement, quelques « lits », sans le moindre matériel médical élémentaire, tel que le microscope. Pas de salles pour accueillir des urgences, ni d’ambulance pour acheminer les malades vers des hôpitaux de référence. Les malades sont soit assis par terre, soit entassés à plusieurs sur des lits sans couverture, ni draps.
Par contre, c’est un groupe informel des détenus dénommé « Comité d’encadrement » qui s’occupe des malades en se débrouillant pour trouver des médicaments et sûrement enterrer leurs congénères. Le comité a par ailleurs relevé que les malades infectés de la varicelle ne sont pas mis en quarantaine, car cohabitant avec d’autres détenus au pavillon 6. « D’une manière ou d’une autre, tout le monde étouffe dans ce lieu et presque chaque jour, nous enregistrons mort d’hommes dans cette prison » a clamé un membre du comité d’encadrement.
Pour rappel, la Prison Centrale de Makala a été construite sous l’époque coloniale pour garder près de 1500 détenus. Cependant, jusque hier le ministre Auguste Mopipi a renseigné qu’elle détient aujourd’hui près de 5400 pensionnaires.