Le cancer est un véritable problème de santé publique. Ce fléau a donné les mêmes frayeurs que la pandémie du Sida, aux premières heures de sa découverte. La guérison n’est toujours pas certaine, surtout lorsque le mal est découvert tardivement. Tout comme pour le Sida, toutes les intelligences du monde entier devraient se mobiliser, pour combattre le cancer sous toutes ses formes. Et cela d’autant plus, que selon les travaux du Centre international de recherche sur le cancer de Lyon, en 2020, si rien n’est fait à temps, 16 millions nouveaux cancéreux seront diagnostiqués dans le monde. 65% de ceux-ci proviendront des pays en voie de développement qui ne disposent que de 5% de ressources pour la lutte contre ce fléau.
A en croire, la Ligue ivoirienne contre le cancer (Licc), en Côte d’Ivoire, sur 100.000 femmes, 83 sont atteintes de cancer. Sur 100.000 d’hommes, 98 ont le cancer. De plus, ce sont au total, 16.000 nouveaux cas de cancer qui sont dépistés chaque année dans le pays.
Le Pr. Echimane Kouassi Antoine, président du comité d’organisation, chef du service cancérologie du Chu de Treichville indique que le 4e congrès-euro africain de cancérologie, qui s’est tenu récemment à Abidjan, a porté sur les cancers de l’appareil digestif parce qu’ils sont souvent découverts tardivement et liés au tabagisme, au mode de vie et aux infections. Notamment les cancers de la cavité buccale, du côlon, du rectum et surtout les cancers primitifs du foie, dont les traitements sont difficiles. Il ressort de ces assises que les malades africains, de manière générale, sont dépistés tardivement. « Le premier responsable de cette situation, c’est nous les praticiens parce que nous ne faisons pas assez d’efforts dans le domaine de la sensibilisation, de l’information et de l’éducation des populations afin qu’elles puissent se présenter tôt. Ce qui bien sûr donnerait de bons résultats », souligne le Pr. Bombé Mbalawa Charles, président du comité scientifique du congrès, professeur titulaire des universités Cancérologie médicale de Congo- Brazzaville. Il a été aussi question des cancers de l’appareil génital féminin. Notamment le cancer du col de l’utérus qui constitue un véritable problème. Il a été démontré que ces cancers s’installent progressivement, lentement, sur une longue période avec des étapes précancéreuses. Si bien qu’en organisant le dépistage précoce pour mettre en évidence ces étapes précancéreuses et en les traitant, la chaîne pourrait être rompue. Ce qui serait bénéfique aux malades. La guérison du cancer du col de l’utérus est assurée à 100%, si dépisté tôt. Et celui du cancer du sein peut être traité dans 80% des cas.
Les spécialistes du cancer ont été exhortés à organiser la lutte contre le cancer dans leurs pays respectifs à l’intérieur d’un plan national contre ce fléau. La formation du personnel médical a été encouragée afin de le rendre plus apte à mener cette lutte.
Au cours de la rencontre euro-africaine, les participants se sont également penchés sur d’autres types de cancers qu’on appelle les cancers hématologiques. Ce sont les cancers qui touchent les cellules sanguines ; ils se présentent sous une forme aiguë et chronique et touchent aussi bien les enfants que les adultes. « Nous avons des difficultés de diagnostic de ces cancers parce que les équipements doivent être assez sophistiqués », explique un praticien. Des communications libres ont porté sur les cancers de la peau. Qui selon le Pr. Gombé Mbalawa, sont quelquefois à l’origine de nombreux problèmes familiaux, parce qu’on suspecte quelqu’un d’être à l’origine de leur survenue. L’élément principal à retenir ici, c’est qu’il faut surveiller une plaie qui ne se cicatrise pas dans les délais habituels. Abordant le chapitre du traitement du cancer, les participants aux congrès ont insisté sur la radiothérapie. Une technique qui consiste à brûler la tumeur par les rayons X. Malheureusement, ce traitement ne se pratique pas encore à Abidjan. Aussi le Professeur a-t-il plaidé pour que « cette lacune inacceptable » pour un pays comme la Côte d’Ivoire soit comblée.
Le Président Laurent Gbagbo a indiqué à ce propos, lors de l’audience qu’il a accordée aux experts, que l’Etat ivoirien s’est engagé dans la lutte contre cette maladie non transmissible qui menace les populations africaines. Son engagement va se matérialiser par la création de structures de prise en charge des patients atteints du cancer et par des investissements dans le domaine de la radiothérapie en collaboration avec les partenaires au développement. Il a par ailleurs souhaité un renforcement des liens entre spécialistes africains et européens afin de répondre aux attentes des populations pour améliorer la qualité de la vie.
Pour sa part, Pr. Hervé Curé, cancérologue français, a fait savoir que cette maladie est la première cause de décès avant les maladies cardiovasculaires. Il y a eu 154. 000 décès par cancer dans son pays en 2002, dont 44.000 prématurés, c’est-à-dire avant l’âge de 65 ans.
Pour faire face à cette maladie, en France, un plan cancer a été mis en place par le Président Jacques Chirac au début de son dernier quinquennat. En 2002, c’était un grand chantier national pour mieux prendre en compte et mieux traiter le cancer en France. Il y a eu après un institut national de cancer, opérationnel depuis 2004. Et enfin des fédérations, des centres de lutte contre le cancer. Le plan cancer a découpé la France en 7 cancérolopoles. Ce découpage a pour l’objectif, d’amener toutes les organisations sur le cancer à travailler ensemble et à faire en sorte que tout patient, quel que soit son lieu de traitement diagnostic et de traitement en France, puisse l’être de la même façon et avoir les mêmes chances.
Source: Fraternité Matin