Liberia: Faire de la malnutrition une question de santé

4 décembre 20099min1990

Avec 45 pour cent de Libériens malnutris de manière  chronique ou aigue, les experts estiment que la nutrition est un  problème de santé critique, mais les organisations non gouvernementales  (ONG) ont l’impression que le ministère de la Santé n’est pas aussi  inquiet qu’il le devrait et manque de capacité pour prendre la  direction des opérations afin de le résoudre.

D’après la politique nationale de nutrition 2009, élaborée par le  ministère de la Santé, 44 pour cent des décès d’enfants sont liés à la  malnutrition. La malnutrition chronique – également connue sous le  terme de ‘retard de croissance’ – affecte 39 pour cent des enfants de  moins de cinq ans, et 6,2 pour cent sont sévèrement malnutris ou «  décharnés ».

Kinday Samba, conseillère en nutrition au Fonds des Nations Unies  pour l’enfance (UNICEF) à Monrovia, la capitale, a dit à IRIN : «  Trente-neuf pour cent de retards de croissance est un problème sérieux.  Cela cause des problèmes de capacité d’apprentissage et cela affectera  la production future de ce pays ».

Si rien n’est fait pour répondre à ce problème, l’UNICEF estime que  le Libéria pourrait perdre 130 millions de dollars en développement  économique entre 2007 et 2015.

Périphérique à la santé

L’UNICEF et les ONG de santé essayent de travailler avec le  ministère de la Santé pour placer la malnutrition en priorité sur  l’agenda de la santé. Il y a eu des progrès, et « le ministère de la  Santé est plus attentif à la nutrition maintenant…mais il la voit  toujours à la périphérie de la santé », a dit Chetrie Fulk, une  conseillère en nutrition d’Action contre la faim (ACF), une ONG qui  soutient des centres de nutrition thérapeutiques pour enfants malnutris  à Monrovia.

Plus sur la nutrition au Liberia – Lutter contre les mythes de l’allaitement

La malnutrition aigue, un « problème social »

« La nutrition passe souvent derrière d’autres problèmes médicaux,  comme le paludisme ou la diarrhée, malgré le fait que la malnutrition,  associée à ces problèmes, peut plus souvent être mortelle ». Un «  enfant en malnutrition aigüe sévère » risque neuf fois plus de  mourir qu’un enfant bien nourri, dit-elle.

Le ministre de la Santé Walter Gwenigale a dit à IRIN que la  fourniture de services nutritionnels était « une priorité majeure pour  le gouvernement », et constituait une part importante de la politique  nationale de santé. Le ministère de la Santé a pour objectif de réduire  le taux de 39 pour cent de malnutrition chronique d’un tiers d’ici 2011.

Incorporer la nutrition

Mme Samba de l’UNICEF a dit que le ministère de la Santé essayait  d’intégrer les problèmes de nutrition dans son paquet de soins de santé  de base, et avait développé une politique de nutrition en 2008, ce qui  était un bon début.

Ce mouvement reflète des progrès d’ampleur régionale réalisés par  les gouvernements d’Afrique de l’Ouest pour améliorer la coordination  et le leadership pour les questions de nutrition, a dit Martin Dawes,  le porte-parole de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest.

Depuis septembre, l’UNICEF a travaillé avec le ministère de la Santé  au Liberia sur les moyens de modifier les principaux comportements qui  causent la malnutrition, incluant la promotion de l’allaitement  exclusif, et l’accès à des aliments et micronutriments complémentaires.

Les messages de santé devraient être délivrés à l’occasion des soins  anténataux et des accouchements, pendant les soins postnataux et les  vaccinations, et durant les visites aux enfants malades ou en bonne  santé, ainsi qu’au sein de forums communautaires tels que les groupes  de femmes, a estimé Mme Samba.

Cependant, la mise en oeuvre de tels changements de comportement  dans un pays avec un système de santé érodé par 14 années de conflit  constitue un défi considérable, ont dit des agences humanitaires.

Mme Samba a estimé que « 80 pour cent de la population a besoin de  pouvoir accéder aux services de soins de santé » pour recevoir ces  messages. « Les volontaires de santé communautaires se voient demander  de s’attaquer à tout – messages d’hygiène, VIH, santé publique,  environnement – donc vous ne pouvez pas compter à 100 pour cent sur eux  pour avoir le temps de parler en profondeur de comportements de  nutrition », a-t-elle noté.

Le pays compte 5 000 travailleurs sanitaires à temps plein ou  partiel, et 51 médecins libériens pour s’occuper d’une population de  3,8 millions d’habitants, selon l’enquête de santé de 2006.

Besoin de nutritionnistes

M. Dawes de l’UNICEF a dit qu’il fallait davantage de  nutritionnistes qualifiés dans toute la région pour soutenir les  efforts du ministère de la Santé. « Un minimum de 24 000 est nécessaire  pour garantir qu’il y ait un avis et une participation professionnels  corrects à chaque niveau », a-t-il dit à IRIN.

Le ministre de la Santé M. Gwenigale a exprimé le même avis. « Un  des moyens de s’occuper de la nutrition est de former et de déployer  des personnes en charge de la nutrition dans le Liberia rural, où la  nutrition est un problème parmi les jeunes enfants ». Il a dit que le  ministère travaillait avec les médecins pour former des nutritionnistes.

La Commission Européenne consacrera 2,1 millions de dollars à la  nutrition en 2010, l’UNICEF augmente ses efforts de prévention, et le  Programme alimentaire mondial continuera à fournir des aliments de  complément aux Libériens malnutris de manière aigüe ou chronique,  dans plusieurs provinces.

Cependant, ACF n’est pas convaincu qu’il y aura assez de financement  pour soutenir les projets et renforcer la capacité du ministère de la  Santé de s’occuper lui-même de la nutrition ; le fonctionnement des  centres ACF de nutrition thérapeutiques basés à Monrovia coûte 1,5  million de dollars pour 18 mois.

A moins que davantage de financement ne soit immédiatement  disponible, « il pourrait ne plus y avoir de traitement pour la  malnutrition aigüe [par ACF] disponible dans le futur », a dit Mme  Fulk. ACF espère que le ministère de la Santé va très vite récupérer et  héberger ses projets de nutrition à Monrovia dans des cliniques et  hôpitaux publics.

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