Les hôpitaux algériens sont de véritables mouroirs

28 juillet 201010min2460

La mauvaise prise en charge des malades au niveau des hôpitaux publics a
toujours été décriée par le citoyen. Les différents ministres qui se
sont succédé à la tête du ministère de la Santé ont, à chaque fois,
évoqué la priorité d’améliorer les conditions d’accueil, de prestations,
d’hospitalisation et d’accès aux soins des malades, mais sans y
parvenir réellement.

Dans notre pays, être admis dans un hôpital public est toujours vécu
comme une hantise, une épreuve, par le citoyen qui redoute les
conditions d’hospitalisation que tout le monde sait désastreuses. A
l’angoisse d’être confronté à une prise en charge médicale défaillante,
s’ajoute celle du manque d’hygiène flagrant, le plus souvent courant
dans la majorité des structures hospitalière du pays. Le citoyen est
horrifié à l’idée de fouler le sol d’un hôpital. L’instruction de
l’ancien ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Amar Tou
promulguée en 2006, relative à l’interdiction aux malades d’introduire
la nourriture et la literie, au sein des hôpitaux ne semble jamais avoir
été appliquée sérieusement dans tous les hôpitaux. On se rappelle que
Amar Tou avait alors interdit aux malades d’apporter les couvertures et
les repas pendant leur hospitalisation justifiant cette mesure par le
fait que «ces objets d’usage courant favorisent la transmission des
bactéries vers les hôpitaux».

Mais quatre années après l’entrée en vigueur de cette mesure, les
hôpitaux publics ont du mal à prendre en charge correctement le malade
sur le plan de la literie et de l’alimentation. Dans la majorité des
cas, le malade est obligé de tout ramener avec lui pour la période de
son séjour à l’hôpital, car la qualité de la nourriture et de la literie
fournies par les infrastructures hospitalières laisse à désirer, plus
particulièrement en été. Il faut dire que les discours martelés par les
responsables de la Santé n’ont quasiment rien changé à cette réalité.
Nos hôpitaux continuent d’offrir un tableau bien sombre. La qualité de
la prise en charge et l’hygiène déficiente sont récurrentes. Le constat
est frappant. Il suffit de faire une virée dans des hôpitaux publics
pour s’en rendre compte. Au CHU de Béni Messous, plus précisément au
service de maternité, l’anarchie est totale. Dimanche 25 juillet 2010.
Le service bondé de monde est complètement saturé comme tous les
services de maternité qui n’arrivent plus à accueillir les patientes.

Les proches introduisent le plus normalement du monde la literie et la
nourriture à leur malade.«C’est la troisième fois que j’accouche dans
cet hôpital», nous avoue une jeune maman. Elle reconnaît qu’«il y a eu
une certaine amélioration sur le plan de l’accueil et de la prise en
charge médicale, mais en revanche, l’hygiène manque atrocement»,
dit-elle. «J’ai une phobie monstre des cafards. J’ai du mal à dormir le
soir de peur que ces bestioles ne m’approchent», dit-elle sur un ton de
dégoût. «Il y en a partout. Sans parler des moustiques et de la chaleur
suffocante qui empêche de dormir et de se reposer», ajoute t-elle. Une
autre jeune maman qui vient à peine d’accoucher d’un petit garçon,
évoque le problème de la surcharge. «Parfois, la chambre dans laquelle
trois lits sont disposés est pleine à craquer. Il arrive que trois
femmes partagent le même lit», précise notre interlocutrice. «Parfois,
d’autres femmes mettent des couvertures par terre et dorment à même le
sol», confesse-t-elle avant de reconnaître : «Allah ghaleb, souvent le
cas de la patiente est tellement urgent qu’ils (hôpitaux ndlr) ne
peuvent pas la refouler». Nos interlocutrices relèvent aussi la qualité
de la nourriture servie.

Plat du jour : des spaghettis. Les proches de malades trouvent
inimaginables de ne pas autoriser l’introduction de la literie et de
l’alimentation dans les hôpitaux car ce qui est disponible est
particulièrement déficient. «Les pouvoirs publics annoncent des budgets
colossaux pour améliorer la prise en charge des malades mais la réalité
est toute autre», explique un proche de malade.A l’hôpital Mustapha
Bacha, les choses ne sont guère meilleures. Là aussi, la mesure portant
interdiction d’introduire literie et nourriture n’est pas respectée, du
moment que ce qui est assuré par cet hôpital est insuffisant et de
qualité médiocre. Les malades hospitalisés n’ont d’autres choix que de
se doter des objets indispensables pour adoucir un tant soit peu leur
séjour à l’hôpital. Autre halte, cette fois-ci à l’hôpital de Bab El
Oued. Même rengaine. Même décor lugubre. Le mobilier est vétuste et le
manque d’hygiène criant. Il n’y a quasiment pas un malade qui
n’introduise pas le nécessaire (literie et nourriture) en entrant dans
cette structure. «Je suis obligée de ramener tous les jours de la
nourriture à mon frère hospitalisé au service de médecine interne»,
explique une proche de malade qui fait tous les jours la navette pour
approvisionner son frère alité. «Je lui ai également ramené des draps»,
indique-t-elle encore avant de lâcher : «Il n’est pas question que je le
laisse livré à lui-même».

Les engagements de Ould Abbès : humaniser les hôpitaux

La prise en charge n’est pas ce qu’il y a de mieux. Sans oublier les
éternelles pannes des équipements médicaux (scanner, imagerie
médicale…). Les rendez-vous sont de plus en plus éloignés et bien
souvent, les malades sont contraints de se diriger vers le privé pour un
scanner ou une IRM. Pis, la chimiothérapie et la radiothérapie qui ne
sont disponibles que dans les hôpitaux publics, deviennent une sorte de
luxe inaccessible parce que souvent les appareils sont en panne ou à
l’arrêt. D’autant plus que seul le Centre anticancéreux Pierre et Marie
Curie (CPMC) d’Alger dispose de ce type d’appareils. D’ailleurs, ce
Centre, littéralement envahi de malades des quatre coins du pays, est
complètement saturé. Même le CHU Mustapha Bacha, l’un des plus grands et
réputés hôpitaux du pays ne déroge pas à la règle.

Les conditions de prise en charge du malade sont pratiquement aussi
médiocres qu’ailleurs si ce n’est plus. Un malade hospitalisé au service
de néphrologie a enduré durant son hospitalisation le manque flagrant
d’hygiène et la qualité de la nourriture. «Heureusement que mes parents
me ramenaient tout ce qu’il faut sinon je n’aurais jamais pu supporter
mon séjour», dit-il. Quant au personnel soignant, il est totalement
dépassé. Une situation exacerbée par les départs massifs en congé. De
son côté, le personnel médical et paramédical évoque des conditions de
travail lamentables.

Il faut dire que le ministre de la Santé et de la Réforme
hospitalière, Djamel Ould Abbès, s’est engagé à faire de l’humanisation
des hôpitaux en matière de prise en charge du malade, depuis son
admission jusqu’à sa sortie de l’hôpital, son cheval de bataille. Depuis
son installation à la tête du département de la Santé, Ould Abbès s’est
engagé lors de visites «surprises» effectuées au niveau des services
d’urgences médicaux de plusieurs hôpitaux à «améliorer les conditions de
travail des médecins et à mettre en place tous les moyens pour de
meilleur prestations en faveur des malades».

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