Burkina Faso: C`est fou d`oublier les fous !

13 novembre 20098min1410

Ils sont de plus en plus nombreux dans les rues de nos villes. Ils  sont de tous les âges et de tous genres : hommes, jeunes hommes,  enfants, femmes et jeunes filles.

Ces fous et ces folles, dont on dit qu’ils ont tout perdu sauf la  raison, constituent de nos jours un vrai danger public tant par leur  nombre que par la facilité avec laquelle ils pénètrent dans tous les  milieux. Il n’y a pas longtemps encore, chaque village, chaque quartier  avait « son fou » qui cohabitait sans grands accrocs avec ceux qui se  disent qu’ils sont sains d’esprit. Aujourd’hui, les causes de leur mal  font qu’ils sont plus violents. Ils sont redoutés et craints. Tout le  monde, à commencer par les enfants, fuient à leur approche, les grandes  personnes s’écartent pour leur laisser le passage. Il leur arrive de  violer les vieilles femmes et les petites filles sans défense, parfois  même des femmes. Quand ils entrent dans un marché, ils ne se contentent  plus de demander à manger, ils pillent.

On en trouve qui bloquent la circulation en étendant les bras, tout  comme le fait le policier. Aujourd’hui, les malades mentaux sont une  menace sérieuse pour la sécurité dans nos villes et dans nos villages.  Ils constituent, à n’en pas douter, un problème de santé publique. De  ce point de vue, leur situation devrait attirer l’attention des  autorités sanitaires de notre pays. Malheureusement, on a l’impression  que les services spécialisés qui traitent de la santé mentale des  Burkinabè sont le parent pauvre des structures sanitaires. Certes, il  existe au CHU Yalgado Ouédraogo un service psychiatrique, mais il  n’existe pas à notre connaissance un service de suivi psychologique à  l’occasion de grandes catastrophes comme l’accident de la circulation,  survenu l’an passé à Boromo et dans lequel on a enregistré des dizaines  de morts. Des personnes « pètent les plombs » à la suite de la perte d’un  être très cher ou à l’occasion de déceptions dans la vie : échec à un  concours, à un examen, déception amoureuse, perte d’un emploi, etc.

Lorsque surviennent ces événements dans la vie d’un homme ou d’une  femme, on doit lui faire bénéficier de l’assistance d’un spécialiste,  en l’occurrence d’un psychologue ou d’un psychiatre qui l’aidera à  vivre et à supporter ces moments de crise qui sont très difficiles.  Mais, nous devons reconnaître qu’une grande partie des fous et des  folles qui errent dans nos villes et villages ne sont pas devenus fous  à la suite des événements dont nous avons parlé plus haut. D’autres  causes de la démence sont inhérentes à nos modes actuelles de vie ou de  consommation. On peut citer la prise de drogues, notamment les drogues  dures, et la consommation d’alcools frelatés qui font de nombreuses  victimes parmi les jeunes des deux sexes. Ce sont généralement les plus  violents quand leurs crises se déclenchent ; notamment lorsqu’on les  interne et qu’on les prive du produit dont ils sont plus que dépendants.

L’amour filial ou les liens de la parenté amènent des familles à  refuser qu’un des leurs soit conduit dans un asile où il peut recevoir  des soins et un encadrement appropriés. Ces situations se terminent la  plupart du temps par des drames. Profitant d’un moment de relâchement  de ceux qu’il considère comme ses geôliers, en fait ses frères et  soeurs, le fou se livre à une violence inouïe sur ses propres parents.  On raconte le cas de ce fou qui, une fois sorti de l’asile à la demande  expresse de ses parents, est allé tuer ses deux enfants, décapitant  l’une et égorgeant l’autre.

L’évolution de nos grandes villes impose aujourd’hui la mise sur  pied d’un service psychiatrique moderne et fonctionnel. Il ne faut pas  perdre de vue que chacun de nous est un dément potentiel. Il suffit  d’un petit os dans notre vie pour que nous dijonctions. Et c’est le  drame ! Il est conseillé de ne pas attendre d’être fou pour demander à  consulter un psychiatre ou solliciter les services d’un psychologue.  Chaque homme et chaque femme a besoin de temps à autre de s’entretenir  avec ces spécialistes de la santé mentale, tout comme on devrait faire  chaque année un bilan de santé.

A chaque étape du développement d’une société correspond  l’apparition de maladies nouvelles. Il faut combattre ces maladies  nouvelles avec des thérapies nouvelles, c’est-à-dire modernes. Par  exemple, aujourd’hui, un grand nombre de travailleurs parlent de stress  ou souffrent de stress. Notre université doit former de plus en plus de  psychiatres qui vont être appelés à prendre en charge ces nouveaux cas,  mais aussi les autres pathologies mentales auxquelles nous ne sommes  pas habitués. Actuellement, peu d’étudiants s’orientent vers la  psychologie ou la psychiatrie. L’évolution de notre société qui se  conjugue avec l’apparition de nouvelles pathologies indique cependant  que ce pourrait être demain un secteur d’avenir. Le temps n’est plus  loin où personne ne s’avisera de garder à domicile un malade mental,  fût-il un fils chéri, à cause des dangers qu’il fait courir à ses  voisins et à ses visiteurs. On fera de plus en plus appel aux  psychiatres et aux psychologues. En tout état de cause, les pouvoirs  publics doivent se préoccuper davantage des malades mentaux parce que  tout simplement, c’est fou d’oublier les fous.

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