Afrique: Nouvelle campagne contre le SIDA pédiatrique

2 novembre 200910min1860

Il y a onze ans, Raloke Odetoyinbo a découvert qu’elle était séropositive deux ans un mois après son mariage. A ce moment, elle pensait qu’elle avait perdu à jamais sa chance d’avoir des enfants parce que, a-t-elle déclaré, elle croyait que son enfant serait né séropositif. Mais, elle voulait toujours mettre au monde des enfants et être une mère.

« Naturellement, dans ma société, c’est (mettre au monde des enfants) qui vous fait, ce qui définit votre féminité. Si vous ne pouvez pas avoir des enfants, votre valeur en tant qu’être humain est complètement diminuée », a indiqué Odetoyinbo.

Et décider en fin de compte de tomber enceinte n’a pas été un choix facile pour Odetoyinbo.

« C’était quelque chose que j’ai dû combattre. J’avais accès aux informations et constaté que si je travaillais avec mes médecins, j’aurais une chance d’avoir un bébé qui ne serait pas infecté par le VIH », a-t-elle expliqué.

Elle a eu la chance d’avoir accès aux médicaments anti-rétroviraux (ARV) efficaces pour prévenir la transmission du virus à son foetus.

Mais, elle est consciente que beaucoup de femmes dans son pays et ailleurs en Afrique ne sont pas aussi chanceuses. Odetoyinbo, qui est maintenant la directrice du projet ‘Nigeria’s Positive Action for Treatment Access group’ (Groupe d’action positive pour l’accès au traitement du Nigeria), dit qu’elle veut que d’autres femmes séropositives aient la même chance qu’elle avait pour accéder aux ARV.

C’est l’une des raisons pour lesquelles elle a rejoint ‘Campaign to End Pediatric HIV/AIDS’ (Campagne pour mettre fin au VIH/SIDA pédiatrique – CEPA), nouvellement lancée. La CEPA est un réseau d’organisations de la société civile qui vise à éliminer le VIH/SIDA pédiatrique par la prévention de la transmission de la mère à l’enfant à travers l’accès aux ARV. La CEPA vise également à assurer un meilleur accès au traitement pédiatrique et aux soins pour des enfants séropositifs.

La CEPA est une campagne de trois ans qui se concentrera d’abord sur six pays: l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique, la Zambie et le Nigeria. Parmi ces six pays, le Kenya a le plus grand nombre d’enfants séropositifs, 155.000.

Graça Machel, présidente du Conseil du leadership panafricain de la CEPA, a déclaré que parfois, l’on est aveuglé par ces chiffres énormes.

« Ce ne sont pas les chiffres qui sont dans ma tête. Ce sont les yeux des enfants. Parfois, j’ai des nuits blanches parce que je sais que cet enfant ne va pas vivre un mois de plus », a rappelé Machel.

S’adressant à IPS, Machel a indiqué que pendant que les enfants sont vulnérables, ils se remettent également vite et c’est la responsabilité des adultes de veiller à ce que ceux qui sont nés ne soient pas infectés.

Les chiffres montrent que la plupart des premiers pays industrialisés du monde ont pu réduire l’infection pédiatrique à moins de deux pour cent. Mais actuellement, 90 pour cent des nouvelles infections à travers le monde surviennent en Afrique subsaharienne.

Odetoyinbo a affirmé que pendant que le sixième Objectif du millénaire pour le développement est d’arrêter et d’inverser la propagation du VIH/SIDA d’ici à 2015, la CEPA envisage de réduire le nombre d’infections pédiatriques de 80 pour cent d’ici à 2012.

« La seule raison pour laquelle nous avons tant d’enfants qui ont le VIH est que les femmes sont négligées. Nous devons donner aux femmes l’accès aux services pour le traitement, le dépistage. Vous ne pouvez pas donner à quelqu’un quelque chose que vous n’avez pas. Donc, vous ne pouvez pas donner à votre enfant le VIH si vous ne l’avez pas », a souligné Odetoyinbo.

Elle a exhorté les gens à tenir leurs gouvernements responsables. Elle a déclaré que le Nigeria en est un exemple. « Il est possible de tenir le gouvernement responsable. J’ai vu des gens changer la façon dont les choses se font… voilà comment nous avons obtenu gratuitement le traitement (du VIH) au Nigeria », a observé Odetoyinbo.

En 2005, le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, avait approuvé le traitement anti-rétroviral gratuit aux Nigérians séropositifs, à un moment où le pays comptait quelque 3,5 millions de personnes vivant avec le VIH.

L’Organisation mondiale de la santé a annoncé qu’au cours de l’année 2008, près de 20.000 femmes enceintes séropositives au Nigeria étaient sur la médication anti-rétrovirale. Il y avait encore 210.000 femmes enceintes séropositives dans le besoin de traitement.

James Kamau du Mouvement de l’accès au traitement du Kenya a déclaré qu’il était temps que les dirigeants africains fassent davantage dans la lutte contre la pandémie.

« Nous devons laisser les dirigeants africains mettre leur argent là où est leur parole en termes d’obtenir 15 pour cent du budget national du pays mis de côté (pour la santé). Nous ne pouvons pas les laisser nous dire qu’ils ne peuvent pas supporter cela », a indiqué Kamau.

Machel a ajouté qu’il y avait des organisations de la société civile, à travers l’Afrique, qui ont été influentes dans la lutte contre le VIH.

« Sur ce continent, elles ont vraiment réalisé un impact significatif en termes d’influencer le Parlement à promulguer la législation, le gouvernement à mettre en place des plans et systèmes pour s’occuper de programmes variés ».

Elle a dit que le suivi des gouvernements était nécessaire pour s’assurer que les chefs d’Etat étaient en train de cibler réellement la prévention du VIH/SIDA et le traitement des femmes et enfants séropositifs.

« Je pense que nous devons faire ce genre de suivi. C’est le moment, non pas de faire des promesses, mais de commencer par surveiller les promesses qui ont été déjà faites. En tant qu’organisations de la société civile, nous devons développer une capacité pour plaider réellement. Nous devons avoir des informations qui sont factuelles, crédibles et qui fournissent des preuves », a souligné Machel.

Alors qu’elle a reconnu que dans certains pays, les organisations de la société civile ont dû faire face au manque de ressources – ressources financières et humaines – plusieurs organisations ont été déjà efficaces dans l’action d’influencer la politique gouvernementale.

Dr Lydia Mungherera, une militante séropositive et docteur en médecine, qui travaille avec l’Organisation d’appui au VIH en Ouganda, a déclaré que dans son pays, la société civile joue un rôle important dans la conduite de la politique du gouvernement.

« Dans notre pays, vous avez la société civile dans tous les comités de planification. Nous avons été pris comme des partenaires travaillant avec le gouvernement et je pense que cela fait une grande différence. Maintenant, nous savons ce qui se passe, et quand les choses vont mal, nous sommes capables d’aider à trouver une solution », a dit Mungherera.

La solution pour Odetoyinbo était de s’éduquer sur ses choix et les options de traitement avant qu’elle ne tombe enceinte. Et elle sent qu’elle a pris une décision autonome avec les informations appropriées.

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