Afrique Australe: La vengeance de la rougeole

2 juillet 20108min3820

« Loin des yeux, loin du cœur » résume bien les raisons pour
lesquelles l’Afrique australe se trouve depuis 2009 aux prises avec
l’une de ses épidémies de rougeole – une maladie virale extrêmement
contagieuse – les plus virulentes.

A ce jour, l’épidémie a
fait 758 morts, principalement au Zimbabwe, en Zambie, au Malawi, en
Namibie, au Lesotho et en Afrique du Sud. Selon Ahmadu Yakubu,
conseiller régional en immunisation au Fonds des Nations Unies pour
l’enfance (UNICEF), le programme d’immunisation contre la rougeole a
connu des défaillances car « les pays ne voient plus de cas ».

Ainsi, d’après Oladapo Walker, Coordinateur de soutien inter-Etats de
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique orientale et
l’Afrique australe, au moins 95 pour cent des enfants répondant aux
critères de vaccination n’ont pas été vaccinés contre la maladie.

M. Walker a expliqué que les épidémies étaient « selon toute
probabilité la conséquence de l’augmentation du nombre d’enfants et
d’adolescents prédisposés qui n’ont pas été immunisés et ont échappé à
une infection naturelle pendant les années où la transmission du virus
était réduite ».

Dans les pays en développement, les programmes de vaccination sont
financés conjointement par les bailleurs, mais selon M. Yakubu, les pays
de la région n’ont pas réussi à obtenir des engagements financiers
suffisants car « au fil des années, il n’y avait pas de cas à signaler »
; ils ne sont donc pas parvenus à mobiliser les fonds.

La Measles Initiative, Initiative de lutte contre la rougeole, fondée
en 2001 pour endiguer une recrudescence de la rougeole, a rapporté
qu’un manque de 59 millions de dollars devait être comblé pour 2010,
afin d’éviter une reprise des décès causés par la maladie dans le monde.

L’UNICEF a noté pour sa part, dans un communiqué publié en 2009, que
plus de 2,4 millions d’enfants en Afrique orientale et australe –
environ 20 pour cent des enfants de moins d’un an – ne bénéficiaient pas
de l’immunisation systématique.

L’OMS recommande deux doses de vaccin pour assurer l’immunité, la
première étant administrée avant le premier anniversaire de l’enfant ;
toutefois, environ 15 pour cent des enfants vaccinés ne sont pas
immunisés après la première dose.

Une crise mondiale

L’Afrique australe n’est pas la seule région aux prises avec les
répercussions de la crise des vaccins contre la rougeole. M. Yakubu a
ainsi cité un article paru récemment dans Eurosurveillance, un magazine
scientifique publié par le Centre européen de prévention et de contrôle
des maladies, selon lequel la rougeole se propageait en Europe car le
taux d’immunisation était désormais bien inférieur au niveau recommandé.

Pour assurer une protection contre les épidémies, l’OMS recommande
qu’au moins 90 pour cent des enfants soient vaccinés dans le cadre de
l’immunisation systématique, dans chaque district et à l’échelle
nationale.

Or, le taux de vaccination mondial a chuté à 72 pour cent en 2000,
avant d’augmenter de nouveau pour atteindre environ 83 pour cent en
2008. Selon l’OMS, en 2008, 164 000 décès liés à la rougeole ont été
recensés dans le monde – près de 450 décès par jour, soit 18 décès par
heure.

La réapparition de la maladie en Afrique australe est en partie
attribuée aux membres de sectes religieuses qui, ne croyant pas en la «
médecine occidentale moderne », ont empêché leurs enfants de se faire
vacciner, a dit M. Yakubu ; bien qu’ils ne soient pas nombreux, « il y
en a de plus en plus ». Au Malawi, la presse a ainsi rapporté que les
membres de l’Eglise apostolique du Septième Jour ne permettaient pas que
leurs enfants soient vaccinés contre la rougeole.

Selon M. Walker, certains pays d’Afrique australe n’ont pas été
touchés par des épidémies de rougeole depuis trois ans ; d’autres ont
même connu leur dernière épidémie il y a six ans. La Namibie a été
touchée pour la dernière fois en 2002, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe
en 2005.

Toutefois, a-t-il noté, « aujourd’hui, les épidémies sont bien moins
fréquentes, et le taux d’incidence est beaucoup plus faible qu’avant
l’adoption des objectifs de contrôle de la rougeole dans la sous-région
d’Afrique australe, en 1998 ».

La rougeole s’est « très probablement propagée à travers les
frontières perméables des pays, et par le commerce », a expliqué M.
Walker. « Toutefois, pour qu’une épidémie se déclare à la suite de
l’importation d’une maladie depuis une province ou un pays voisin, il
faut que les deux pays comptent un nombre non négligeable de personnes
prédisposées ».

Pour prévenir une réapparition de la maladie, les pays devraient
mener des campagnes de vaccination de suivi tous les deux à quatre ans
jusqu’à ce que leurs systèmes de santé puissent administrer
systématiquement deux doses de vaccin contre la rougeole à tous les
enfants et prodiguer des traitements contre la maladie, selon Luis Gomes
Sambo, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique.

Le professeur Adrian Puren, directeur adjoint du service de virologie
de l’Institut national des maladies transmissibles (NICD) d’Afrique du
Sud, a expliqué que l’organisme surveillait l’épidémie en Afrique du Sud
pour comprendre comment elle s’était propagée.

Le NICD a noté dans un communiqué récent sur les maladies
transmissibles qu’une souche du virus de la rougeole d’origine
européenne et nord-américaine avait été décelée chez un journaliste
français venu en Afrique du Sud pour les besoins d’un reportage sur la
coupe du monde de football.

« Ce … cas de rougeole importé … souligne la possibilité d’une
apparition de maladies transmissibles importées pendant la Coupe du
monde de football », pouvait-on lire dans le communiqué.


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