Sida, le Botswana a fait reculer la mort mais échoue devant les tabous

17 octobre 20075min2290

Le virus du Sida ne représente plus une condamnation à mort au Botswana, grâce au programme de distribution d’antirétroviraux (ARV) le plus poussé d’Afrique, mais la persistance des tabous empêche de contenir l’épidémie.


« Jusqu’en 2001, les gens tombaient comme des mouches, mais la vie a repris quand les ARV sont arrivés », raconte Francinah Moumakwa-Sinos, qui combat chaque jour le virus grâce à ces médicaments.


La frêle mère de famille a perdu ses trois soeurs, emportées par la pandémie qui a fait chuter l’espérance de vie de 65 ans à moins de 40 ans dans ce pays d’Afrique australe de moins de deux millions d’habitants, dont 270.000 séropositifs.


« Nous sommes menacés d’extinction », lançait en 2001 le président Festus Mogae, en annonçant le premier programme africain de distribution gratuite d’ARV.


Grâce aux recettes de ses mines de diamants, l’Etat fournit aujourd’hui ces médicaments, qui stabilisent les anticorps, à près de 90.000 personnes, ce qui correspond à 85% des séropositifs en ayant besoin, selon l’agence des Nations unies sur le Sida.


La riche Afrique du Sud ne fournit ce traitement qu’à 21% des séropositifs en ayant besoin et le Zimbabwe 8%, selon l’Onusida.


Au Botswana, seuls 8,5% des patients engagés dans le traitement depuis 2002 sont décédés, selon l’Agence de coordination sur le Sida (NACA). « Nous avons réussi à contenir la mortalité », en conclut Joseph Kefas, un de ses responsables.


Autre motif de satisfaction: grâce aux médicaments administrés à toutes les femmes enceintes séropositives, seuls 4% de leurs bébés sont contaminés, un taux comparable aux pays occidentaux.


Mais pour y avoir accès, Francinah, 38 ans, a dû s’opposer à son mari. « Pour lui, le virus n’existe pas, alors il m’a interdit de prendre les médicaments et on a continué à avoir des rapports non protégés. »


En 2003, elle se retrouve enceinte. « Pour mon bébé, je me suis engagée dans le programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant. J’ai donné naissance à un fils séronégatif, mais mon mari m’a quittée. »


Le Botswana a en effet encore beaucoup à faire sur le terrain des tabous.


« Quand vous dites que vous êtes séropositif, les gens ne vous croient pas ou vous rejettent, en vous traitant de sorcière ou de femme adultère », raconte Francinah.


« Les discriminations sont fréquentes sur le lieu de travail ou au sein des communautés », confirme Uyapo Ndadi, membre de Bonela, une ONG qui défend les droits des séropositifs.


Il cite l’exemple d’une femme de ménage, licenciée quelques jours après avoir révélé son statut à une collègue, ou encore celui d’une scène de drague interrompue par une curieuse qui a lancé au soupirant: « Tu vas mourir, cette femme est séropositive! »


A cause de cette stigmatisation, de nombreux Botswanais hésitent à se soumettre aux tests de dépistage. Moins de 30% de la population connaît son statut, ce qui favorise les comportements à risque.


« Quand ils ne voient pas l’intérêt direct pour eux, les gens ne changent pas de comportements aussi rapidement que nous le souhaiterions », déplore Joseph Kefas.


En conséquence, le nombre des nouvelles contaminations n’enregistre qu’un léger fléchissement. En 2006, 32,4% des femmes enceintes, seules à bénéficier d’un dépistage systématique, étaient porteuses du virus, contre 33,4% en 2005.


Le gouvernement vient de reconnaître qu’il n’a pas fait assez pour la prévention, avec des financements « peu importants et en déclin depuis quelques années », selon NACA. Pour y remédier, il est prévu de lancer des campagnes plus ciblées.


L’objectif est de parvenir à zéro nouvelle contamination en 2016 pour le 50e anniversaire de l’indépendance du Botswana, parce que « le programme d’ARV coûte très cher et n’est pas tenable à long terme », indique Monica Tselayakgosi, responsable des programmes de NACA.


Source: yahoo.news

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