Kenya: Les séropositifs ont besoin d`un tribunal pour corriger les violations des droits

14 août 20109min2410

La vie de Nancy Njeri a changé quand elle a contracté le VIH après un
viol collectif. Non seulement l’infection l’a traumatisée, elle a été
également bannie par des amis proches et des voisins qu’elle connaît
depuis presque une décennie.

Elle a été renvoyée de son emploi et lorsqu’elle a tenté de vendre
des légumes, les gens ont boycotté son étalage à cause de son statut.

Malheureusement, le cas de Njeri n’est pas une anomalie au Kenya. Des
recherches ont montré que quatre personnes séropositives sur cinq sont
ostracisées par une grande partie de la communauté. Et dans un pays où
environ 1,4 million de personnes âgées de 15 à 64 ans sont infectées par
le VIH, cela représente des violations fragrantes des droits humains.

C’est quelque chose que les organisations de défense des droits
humains dans le pays cherchent à changer en appelant à la mise en oeuvre
du tribunal des affaires du SIDA qui avait été publié dans des journaux
en décembre 2009. Il est censé demander réparation juridique pour les
injustices passées envers les personnes vivant avec le VIH.

Le rapport de 2010 du programme ‘Human Rights Count’ publié en mai
2010, le premier du genre au Kenya, a révélé que 82,7 pour cent des
personnes vivant avec le VIH sont confrontées à de mauvais traitements
allant, entre autres, de la perte de la vie, la privation de la sécurité
sociale ainsi que des soins de santé.

Ce rapport, réalisé en partenariat avec le Réseau mondial des
personnes vivant avec le VIH/SIDA et le Réseau national pour
l’autonomisation des personnes vivant avec le VIH, indique qu’il y a une
forte probabilité qu’une personne vivant avec le VIH soit privée de
traitement, des soins et du soutien disponibles dans les centres de
santé publique.

« La production de ce rapport a été inspirée par le fait que des
injustices historiques envers des personnes vivant avec le VIH n’ont
jamais fait objet d’une enquête auparavant », explique Rahab Mwaniki,
l’un des chercheurs.

En dépit de la constitution du Kenya qui garantit le droit à la vie
et à la protection contre les traitements inhumains et toute forme de
discrimination, elle ne traite pas directement des droits des personnes
vivant avec le VIH, selon Jacintha Nyachae, la directrice exécutive de
‘AIDS Law Project’ (Projet de la loi sur le SIDA).

Selon Nyachae, ceci pourrait expliquer pourquoi la plupart des
personnes séropositives qui sont victimes des violations des droits
humains ne parviennent pas à les dénoncer. Elle lie également le faible
taux de dénonciation au manque d’informations sur l’endroit où elles
peuvent signaler ces violations ainsi que sur le processus pour demander
réparation.

« C’est pourquoi nous faisons pression pour un tribunal fort qui
traite des affaires du SIDA afin que les personnes vivant avec le VIH
soient en mesure de demander justice tant pour les injustices passées
que futures », déclare Nyachae.

Ce tribunal est destiné à chercher à obtenir réparation pour les
injustices passées envers les personnes vivant avec le VIH. Et bien que
la liste des injustices soumise au président du tribunal, Ambrose
Rachier, soit longue, il affirme que le tribunal ne vise pas à punir les
contrevenants qui ont violé les droits des personnes vivant avec le
VIH.

« La réparation variera selon la nature de la plainte et pourrait
inclure des mesures correctives en espèces, la réintégration dans
l’emploi ainsi que l’exigence pour les contrevenants de se conformer à
la loi comme le stipule la Loi de 2006 sur la prévention et le contrôle
du VIH », souligne Rachier.

Ce sont de bonnes nouvelles pour Njeri, qui rêve d’un tribunal
rapide. Cette migrante de 34 ans originaire du district de Murang’a,
dans la province centrale du Kenya, dit que le tribunal lui offre une
ouverture pour remédier à son licenciement abusif.

« Mon patron a demandé de m’accompagner dans un centre de Conseils et
dépistage volontaires (CDV) pour obtenir un certificat médical après que
j’ai commencé à prendre deux jours de (congé) de maladie dans une
semaine », se rappelle cette mère de deux enfants. Njeri, qui travaillait
comme domestique, a décliné l’offre de son patron de l’accompagner pour
ce qui devrait être un test privé.

« J’ai été immédiatement renvoyée de mon travail sans aucune
explication. Mon patron a dit qu’il m’appellerait sur mon téléphone
cellulaire, mais jusqu’à présent, il ne m’a jamais appelée. Je pense que
j’ai été licenciée parce que je suis séropositive. Je ne savais pas ce
qu’il fallait faire pour demander réparation parce que la stigmatisation
était très forte à (l’époque) ».

Njeri n’est pas la seule personne séropositive qui a eu du mal à
obtenir justice. Dr David Bukusi, un psychiatre et directeur du CDV à
l’Hôpital national Kenyatta au Kenya, dit que plusieurs personnes
séropositives dont les droits ont été violés ne sont pas susceptibles de
dénoncer ces crimes parce qu’elles ont peur.

« Une personne séropositive dont les droits ont été violés estime que
la société l’a faite pour être infectée en premier lieu, mais la même
société ne veut avoir rien à faire avec la victime », explique Bukusi.
« Ainsi, elles ne sont pas susceptibles de dénoncer une violation des
droits humains parce qu’elles ont toujours peur. Mais cela pourrait
changer si le tribunal des affaires du SIDA est doté de pouvoirs pour
une décision civile après le référendum » sur la nouvelle constitution
adoptée le 4 août.

L’autre problème, c’est le manque d’engagement de la part du
gouvernement, affirme Asunta Wagura, la directrice exécutive du Réseau
des femmes séropositives du Kenya. Le Kenya est signataire de la
Déclaration politique de 2006 des Nations Unies sur le VIH et le SIDA,
qui vise l’élaboration des lois et autres mesures pour éliminer toutes
les formes de discrimination contre les personnes vivant avec le VIH.
Mais, une telle déclaration n’est pas mise en pratique.

« Le fait que nous n’ayons pas de filets de justice que nous pouvons
utiliser fait qu’il est difficile d’obtenir justice même lorsque l’on
sait de façon précise qu’un droit a été violé », déclare Wagura. « Il
s’agit d’un manque évident d’engagement de la part du gouvernement à
l’accès universel ».

Elle ajoute: « Nous devons voir mettre en oeuvre plus d’intérêt et
d’action ainsi qu’une bonne volonté en termes d’action pour ceux dont
les droits sont violés, par exemple, des avocats qui traitent purement
de la violation des droits humains, des tribunaux qui ne retardent pas
leur combat pour régler des cas et d’autres aspects marquants de la
justice rendue ».

En attendant, Njeri a bon espoir que le tribunal sera rendu opérationnel après le référendum.

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