Un éventail d’interventions visant à ralentir la propagation du VIH
en Afrique a été lancé au cours des deux dernières décennies. Certaines
interventions ont été mises à l’essai afin d’étudier leur efficacité,
mais plusieurs n’ont pas été testées.
En Afrique australe, « [le VIH/SIDA] nous a frappés très rapidement
et très fortement] », a déclaré le professeur Geoff Setswe, spécialiste
de la recherche sur les aspects sociaux du VIH/SIDA et de la santé
auprès du Conseil pour la recherche en sciences humaines d’Afrique du
Sud (HSRC).
Les initiatives de prévention ont été élaborées et mises en à « uvre
rapidement et souvent de manière aléatoire. « Nous nous sommes mis à
faire tout ce qui, selon nous, était utile, en nous disant que nous
verrions plus tard le reste. En conséquence, il y a eu de nombreux
succès et échecs », a-t-il estimé.
M. Setswe s’est adressé aux délégués lors de la conférence de
l’Alliance de recherche sur les aspects sociaux du VIH/SIDA (SAHARA)
qui s’est tenue le 1er décembre dernier, à Johannesbourg, en Afrique du
Sud. Il leur a demandé quels étaient les éléments qui constituaient des
preuves dans le domaine de la prévention du VIH.
réductions budgétaires et de la frustration liée au manque de franc
succès remporté dans le domaine de la réduction du nombre des nouvelles
infections, les donateurs et les gouvernements n’ont jamais connu une
pression si grande afin de concentrer les ressources sur des stratégies
de prévention connues comme étant efficaces.
Dans le domaine de la science, la meilleure façon de démontrer
l’efficacité d’une méthode est le recours à des essais cliniques
contrôlés randomisés, qui comparent les résultats au sein d’un groupe
ayant reçu un traitement et un autre groupe ayant reçu un placebo. De
tels essais ont été utilisés avec succès afin de prouver l’efficacité
de stratégies de prévention biomédicales, comme la circoncision
masculine et les traitements visant à prévenir la transmission du virus
de la mère à l’enfant.
Toutefois, les essais cliniques ne constituent pas toujours la
méthode la plus appropriée pour tester les interventions
comportementales et sociales, telles que la méthode ABC qui prône
l’abstinence, la fidélité et l’utilisation des préservatifs ou les
efforts visant à réduire le nombre de partenaires sexuels.
comportementale ou sociale ne répond jusqu’à présent au critère de « la
meilleure preuve », qui selon M. Setswe rend compte d’au moins 80 pour
cent d’efficacité.
Les services de conseil offerts aux personnes séropositives se sont
révélés être efficaces à 68 pour cent, dans le cadre des efforts visant
à réduire les comportements sexuels à haut risque, et appartiennent à
la catégorie des « bonnes preuves », selon M. Setswe.
D’autres interventions qui semblaient prometteuses, à l’image du
programme de microfinance proposant des activités de sensibilisation à
la violence faite aux femmes et au VIH mené dans la province rurale du
Limpopo, ne sont parvenues à réduire le nombre de nouvelles infections.
que même les stratégies de prévention dont l’efficacité avait été
démontrée n’étaient pas toujours mises en à « uvre. En effet, le manque
de financement et de capacités, ainsi que les facteurs politiques et
socio-culturels créent souvent des obstacles.
Malgré la preuve probante selon laquelle la circoncision masculine
réduit les risques d’infection chez les hommes par exemple, l’Afrique
du Sud est à la traîne par rapport aux autres pays de la région en ce
qui concerne la mise en à « uvre d’un programme de circoncision massive.
« Il y a encore des gens parmi nous qui disent que ‘nous ne devrions
pas lancer le programme, car il va à l’encontre de notre culture’ », a
souligné Mme Shisana.
Les donateurs, de leur côté, ne fondent pas toujours leur décision
de financer des efforts de prévention sur des résultats favorables. Par
exemple, les Etats-Unis, guidés par une idéologie religieuse
conservatrice, ont financé de nombreuses initiatives prônant uniquement
l’abstinence, sans qu’il ait été démontré que de telles initiatives
permettaient de réduire les taux d’infection.
En outre, les gestionnaires de programmes sont souvent contraints de
courir après les fonds des bailleurs plutôt qu’après les résultats.
Ainsi, comme un délégué l’a rappelé lors de la présentation de M.
Setswe, les programmes sont parfois amenés à être modifiés afin de
satisfaire les caprices des donateurs, créant ainsi un manque de
cohérence.
Le docteur Innocent Ntanganira, conseiller régional en matière de
prévention du VIH de l’Organisation mondiale de la Santé, a insisté sur
le fait que le temps des interventions fragmentaires et de petite
envergure aux impacts limités était révolu et que le temps était venu
aux interventions efficaces et fondées sur des faits démontrés.
« Nous savons ce qui fonctionne », a-t-il martelé. « Nous devons étendre les programmes nationaux de prévention. »