Sénégal: Service des grandes Endémies de Mbour – Du pic au bas de la pyramide sanitaire

22 janvier 20108min2500

Le secteur XI du service des Grandes endémies de Mbour ou ce qui en
reste offre un goût d’inachevé, aux visiteurs ayant envie d’aiguiser
leur curiosité sur un service qui a rythmé les débuts de la politique
sanitaire du Sénégal indépendant. Car, de sa mission avant-gardiste de
lutte contre les maladies endémiques (tant pour la prévention médicale
que le traitement de la maladie du sommeil et de la lèpre), la «
Trypano » est, aujourd’hui, un poste de Santé…

Mbour, petite commune de la Petite Côte du Sénégal, se limitait
juste au Relais 82, sur la Route nationale numéro 2. Nous sommes en
1969. Baye Dieng, tout jeune infirmier des Grandes endémies,
spécialiste en biologie médicale, débarque à Mbour, un mois de janvier.
Accueilli par un froid de canard, ce natif de Saint-Louis n’en fut pas
moins éprouvé parce qu’il avait, deux ans durant sa formation à l’Ecole
Jamot de Bobodioulasso en Haute Volta actuel Burkina Faso, perdu
l’habitude de ce vent glacial des côtes Atlantique à cette période de
l’année. Car, le réchauffement climatique ne fut pas encore à l’ordre
du jour.

Le service des Grandes endémies de Mbour ou « Trypano » pour les
populations autochtones, confiné à environ trois kilomètres de l’Escale
ou centre-ville, l’accueillit après une longue marche le long de la
plage. Tout à coup, de grands bâtiments couverts de tuiles apparaissent
devant Baye Dieng.

Au-dessus des portes des pièces, les différents services sont
indiqués. Laboratoire, Pharmacie, Médecin-chef… Un peu plus loin, le
garage et 5 bâtiments qui servaient de logement du personnel. Encadré
par l’océan Atlantique et les champs, le service des Grandes endémies
de Mbour constituait pour les professionnels, le secteur XI qui
couvrait la région du Cap-vert (Dakar), la région du Sine-Saloum
(Kaolack, Fatick, Kaffrine) et la région de Thiès. « La Trypano »,
comme disent encore les populations de Mbour, était chargée de la
prospection de la maladie du sommeil ou trypanosomiase et de la lèpre.
D’ailleurs, la léproserie de Mballing à 7 kilomètres environ de Mbour
servait de site d’accueil pour les malades. Alors, il s’agissait au
cours des tournées périodiques dans le secteur XI de consulter les
habitants de tous les villages retenus afin de déceler à temps les cas
suspects de lèpre ou de trypanosomiase mais aussi de la syphilis.

« A l’époque, comme le maillage en postes de Santé était encore
faible dans le pays, nous prenions aussi en charge toutes autres
infections bénignes répertoriées ou décidions de leur orientation dans
les structures à même de les prendre en charge au besoin », confie Baye
Dieng, un doyen, aujourd’hui à la retraite.

A Mbour même, chaque élément des équipes mobiles gérait une zone et
à l’aide d’un vélo cyclomoteur assurait le ravitaillement en
médicaments aux malades victimes de la lèpre.

Outre l’équipe de prospection, le secteur XI disposait, aussi, de
deux autres des cinq éléments dont un chauffeur pour les campagnes de
vaccination. A l’époque, la fièvre jaune, la tuberculose et la rougeole
constituaient les principales maladies contre lesquelles une
vaccination de masse était organisée.

« Nous utilisions le Ped-o-Ijet ou Pistolet vaccinateur »,
précise-t-il. Il suffisait d’avoir un point d’ancrage pour l’équipe, la
plupart du temps chez le chef du village. Et suite à une vaste
information des populations par l’administration territoriale
(Gouverneur, Préfet, Chef d’arrondissement) la campagne de vaccination
se déroulait sans difficultés majeures.

« Qu’il s’agisse des soins ou du médicament, tout était à la charge
de l’Etat et de ses partenaires », note-t-il. Etant un nid de
spécialistes, le secteur XI de Mbour a bâti sa réputation sur les
maladies dermatologiques à tel point que jusqu’à présent, les
populations de Mbour, devant une dermatose, pensent encore à se rendre
à la « Trypano » pour se soigner.

Un service désagrégé

Mais, actuellement, ce service, qui représente un pan de l’histoire
de Mbour, est désagrégé. « J’ai constaté qu’il abrite un poste Santé
avec quelques spécialités confinées chacune dans une salle…. Or, ce
site mérite d’être conservé dans son architecture car, moi je suis de
l’avant-dernière promotion et à la retraite depuis quelques années »,
ajoute le doyen Dieng.

Selon lui, l’Ecole Jamot de Bobodioulasso, une école interafricaine
où se croisaient des élèves du Sénégal, du Mali, du Bénin, de la Côte
d’Ivoire et du Niger pour être formés comme infirmiers des Grandes
endémies suite à un concours, a fermé cette filière depuis 1971.

Chaque année, dix élèves étaient sélectionnés au Sénégal et s’y
rendaient pour deux ans. La première s’effectuait à l’Internat et la
seconde à l’externat avec une bourse de 18.000 francs Cfa à l’époque.
L’école, supervisée par l’Organe de coordination et de coopération pour
la lutte contre les grandes endémies (Occgec) avec l’appui de la
France, était dirigée par un Secrétaire général nommé par les ministres
de la Santé des pays d’Afrique. L’anatomie, la biologie, l’entomologie
ou étude des insectes vecteurs de maladies, la parasitologie,
l’ophtalmologie, la nutrition, le laboratoire, la gestion
constituaient, entre autre, les matières principales. C’est pourquoi,
après cinq ans d’expérience professionnelle, les pensionnaires de
l’école avaient la possibilité d’y retourner pour une spécialisation en
deux ans.

« Loin d’être un nostalgique, je pense qu’avec la rareté des
ressources financières pour nos pays et notre aspiration à vivre dans
un espace communautaire voire unifié, il est important de s’inspirer
d’un tel modèle pour que l’Afrique puisse disposer de ressources
humaines de qualité », martèle-t-il.

A part Mbour, les services des Grandes endémies existaient, entre autre, à Podor, Sédhiou et Kolda…

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Required fields are marked *


A Propos de « Urgences-ci.net« 

URGENCES parce que la santé est primordiale conçu et réalisé par AFRIKTEK – les Leaders de la technologie, est un site de référencement, un guide de santé, voire un genre d’encyclopédie médicale sur Internet.Ce site a pour but de rapprocher les internautes des informations concernant la santé en les orientant et en localisant les sites médicaux selon les différents types de besoins…


NOUS CONTACTER

APPELEZ-NOUS