Des solutions contre la malnutrition au Niger

7 février 201216min3060

Les patients vont et viennent à un rythme rapide.
L’accueil est professionnel. Le personnel médical efficace. Il faut mesurer,
peser, soigner. Sur l’ordonnance, une employée du centre de santé note :
Nafissa, un an, 5 kg,« sévèrement malnutrie »  ;
Missaria, 3 ans, 8 kg, « sévèrement malnutrie ». Leur
mère, Huma, prend les rations de « plumpy dose », un médicament
contre la malnutrition, puis s’échappe à travers les ruelles de Bambey, une
localité de la région de Tahoua, dans le sud du Niger. Une autre mère de
famille a pris aussitôt sa place dans la file.

Son enfant sera pris en charge. Elle le sait, il est
inutile de s’impatienter.« Ici, on n’a jamais manqué de
médicaments »,
  affirme-t-elle. Cela n’a rien
d’extraordinaire au Niger. Dans ce pays au climat aride ou semi-aride, les
centres de dépistage et de soin de la malnutrition fonctionnent mieux
qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest. Gérés par les organisations non
gouvernementales (ONG), l’ONU ou les autorités, ils passent même pour des
modèles du genre. Ils sont nombreux. Bien équipés. Accessibles.

Selon les prévisions, ces cliniques ne désempliront
pas cette année. La saison des pluies a été mauvaise dans la bande sahélienne.
De la Mauritanie au Tchad, les stocks des céréales sont au plus bas. « J’ai
déjà mangé la récolte 2011,
  prévient Huma. Et les champs
ne seront pas ensemencés avant l’été. »
  L’alerte a été
lancée dès novembre dernier. Sans attendre le pic de la crise alimentaire,
Mahamadou Issoufou, le nouveau président du Niger, a appelé à l’aide, rompant
avec les silences de son prédécesseur, Mamadou Tandja. 

« Vers des actions plus pérennes »

En 2011, près de 20 % des enfants soignés pour
malnutrition dans le monde étaient de nationalité nigérienne. Malgré son
immense pauvreté, le pays fait figure d’exemple en matière de prise en charge
de la malnutrition.« Ici, on cherche et soigne les enfants malnutris,  observe
Guillaume Le Duc, responsable des programmes pour Alima,
une ONG de santé.D’autres pays du Sahel ont probablement un nombre de cas
comparables, mais ils ne font pas l’effort de les détecter. »
  Le
dispositif de lutte contre la faim ne s’appuie pas seulement sur les
organisations internationales.

Peu à peu, des ONG locales constituées de travailleurs
humanitaires aguerris prennent le relais des étrangers, qui restent discrets
sur le terrain par crainte des enlèvements des extrémistes islamistes d’Aqmi. « Les
mentalités ont changé au Niger,
  témoigne le docteur Harouna
Souley, responsable de l’ONG Forsani, une association locale épaulée
par Medecins sans Frontières. Il y a dix ans, on considérait qu’un bébé
malnutri était possédé par un esprit mauvais. Aujourd’hui, les mères parlent de
maladie et nous envoient leurs gamins. La prochaine étape, c’est la prévention
de la malnutrition. »
  

Des donateurs aux autorités locales, tout le monde
souhaite désormais sortir de l’aide d’urgence pour aller vers des actions plus
pérennes. Car les crises alimentaires se succèdent tous les deux ans, voire
tous les ans, au Sahel. Les épisodes de sécheresses se rapprochent. Le
changement climatique devient une réalité. « Je suis né dans un
village du centre du Niger,
  confie le ministre des affaires
étrangères, Mohamed Bazoum. Il y avait de l’herbe, des arbres, des
animaux, des pasteurs. Là-bas, il n’y a plus rien aujourd’hui. La région a été
transformée en désert. »
  

« Augmenter les zones irriguées »

Le nouveau gouvernement nigérien
affirme vouloir s’affranchir des aléas de la pluviométrie. C’est le sens de
l’initiative dite « 3 N » : « Les Nigériens
nourrissent les Nigériens. »
  Haut fonctionnaire, Alahoury
Diallo pilote ce projet discuté actuellement avec les donateurs étrangers. « Il
faut améliorer les capacités de résilience des populations les plus
faibles »,
 résume ce fils d’éleveur. Il parle d’augmenter les
zones irriguées, de forer des puits pour le cheptel, de doubler la production
de céréales, de créer des stocks, de lancer des cultures maraîchères entre deux
saisons des pluies.

Les microprojets ne manquent pas dans l’agriculture
familiale, un secteur qui occupe 80 % de la population active. Certains
programmes changent réellement le quotidien des paysans. Celui du hameau de
Garbey, près de la frontière entre Niger et le Mali, fait figure
d’exemple : un jardin potager y pousse dans un environnement
semi-désertique. Les villageois l’arrosent en puisant l’eau d’une mare d’une
centaine de mètres de diamètre. 
« Ce réservoir naturel s’était
ensablé au fil des décennies »,
  raconte Issoufou
Souleymane, le chef de la communauté.

L’an dernier, les villageois ont creusé le fond de la
mare, et élevé deux murets contre l’avancée du désert. La cuvette s’est remplie
durant la saison des pluies, de juin à septembre. Elle a alimenté le jardin
pendant quatre mois, avant de s’assécher. Entre-temps, la paysanne Hani
Soumeila a récolté des salades, des patates douces, des choux, des tomates. Ses
13 enfants ont mangé ce qui n’avait pas été vendu sur le marché. « La
récolte a été désastreuse cette année avec la sécheresse, résume Hani Souleima.
Le jardin nous a sauvé la mise. La mare, c’est la vie. »

 « Nourriture
contre travail »

 Hommes et femmes ont désensablé leur piscine naturelle
grâce au projet « Nourriture contre travail » lancé par le Programme Alimentaire Mondial (PAM)
. « D’habitude, les hommes quittent le village après la
récolte et partent travailler en Libye, au Nigeria, ou en Côte d’Ivoire,
poursuit le chef du village. Ils n’ont pas le choix s’ils veulent nourrir leurs
enfants. Avec les distributions alimentaires du PAM, ils ont pu rester. Le
village a profité de leur force de travail pour se développer. »

À Garbey, les ménages comptent sept enfants en
moyenne, bien que certaines fratries atteignent les 30 personnes. Ces chiffres
expliquent pourquoi la population du Niger double tous les vingt ans. Les
autorités recensent 15 millions d’habitants aujourd’hui. Au rythme actuel,
ils seront 50 millions en 2050 à vivre dans un pays au climat désertique
et semi-désertique. Maîtriser la croissance démographique reste un défi. Ici,
on ne parle jamais de limitation des naissances, un terme tabou, mais
d’espacement des grossesses par la pilule, le stérilet ou l’implant
contraceptif.

Sahiya Abdoulaye, 30 ans, a opté pour la
troisième solution. Un employé de Médecins du monde approche une grosse
seringue de son bras. En deux temps, il lui injecte une petite capsule qui
diffusera pendant trois ans une hormone dont l’action est similaire à la pilule
contraceptive. L’opération dure une dizaine de minutes. La jeune femme n’a pas
poussé un cri. Avant la nuit, elle aura rejoint son mari et ses cinq enfants
dans son village de brousse. « Je viens d’avoir des jumelles,
confie-t-elle. L’une d’entre elle est malnutrie. Je manque de lait. Ma
grossesse m’a épuisée. Il faut que je me repose avant d’envisager un autre
gamin. »

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