INTERVIEW
Dr. Anthony Tanoh est le directeur exécutif de l’Ong Ariel Glaser. Une Ong qui lutte contre le sida chez les enfants. A la faveur de la commémoration de la journée mondiale de lutte contre le sida il célébré récemment par son organisation à San Pédro, Il a fait une présentation.
Dans cette interview qu’il a accordée à Notre Voie, Dr. Tanoh parle de la possibilité de mettre fin à la transmission mère-enfant du Vih, des obstacles que la Côte d’Ivoire doit lever l’objectif de zéro contamination mère-enfant et des défis d’Ariel Glaser à San-Pedro.
Au cours de votre conférence sur » sida pédiatrique, de la naissance d’une épidémie à son élimination » vous avez soutenu la thèse selon laquelle la science offre aujourd’hui la possibilité d’éliminer la transmission mère-enfant du vih. Comment expliquez-vous cela ?
Depuis le début de la recherche sur la prévention de la transmission mère-enfant (Ptme) du VIH, les différents protocoles ont progressivement concouru à réduire le taux résiduel de la transmission mère-enfant de 25-30% quand rien n’est fait à 0,5-1% avec les nouvelles procédures. En claires, les chances pour les enfants de naître séronégatifs d’une mère infectées sont au delà de 99% aujourd’hui si les procédures sont bien appliquées. Il est donc clair que l’arsenal technique est bien en place pour minimiser la transmission de la mère à l’enfant et amorcer l’élimination du SIDA pédiatrique.
Vous parlez de risque de taux de transmission très proche de zéro. 0,5% pour être précis ?
Oui ! Quand aucune intervention n’est entreprise, la transmission du virus d’une mère infectée à son enfant est de 25-30%. Depuis l’utilisation de l’AZT pour prévenir la TME, ce taux a constamment baissé. Avec l’introduction de traitement préventif plus puissants, cette transmission peut être réduite en dessous de 1% voir 0,5% donnant ainsi plus de chance aux enfants de naître sains malgré la séropositivité de leur mère.
Dans votre présentation, vous avez fait une relation entre la Ptme et la planification familiale. Voudriez-vous développer ce lien ?
La politique de planification familiale (Pf) est le socle d’une bonne Ptme. Pour éliminer le Sida pédiatrique, il faut viser une grande majorité des femmes enceintes. Les programmes Pf s’intéresse pour une large part aux femmes en âge de procréer. Comme on le voit les populations cibles sont les mêmes. Il faut donc pour une bonne Ptme bâtir sur l’antériorité et l’expérience des programmes de Pf.
Pour l’Afrique et pour la Côte d’Ivoire est-ce que vous pensez qu’il est possible d’éliminer la transmission mère-enfant d’ici 2015 comme objectif fixé par l’Onusida ?
2015 est un horizon fixé pour permettre de mesurer les efforts. Au sens strict, en 2015, je ne pense pas qu’on y sera. Le plus important malgré tout est de garder la direction des efforts actuels et les accélérer pour qu’au cours de la décennie, nous nous rapprochons le plus possible de cet objectif.
Quels sont selon vous les obstacles à lever pour que la Côte d’Ivoire puisse atteindre cet objectif ?
En premier, il convient de continuer à promouvoir le dépistage pour que toutes les femmes, dans toutes les contrées soient dépistées lors des grossesses et qu’elles bénéficient des protocoles. Cela suppose que lors des grossesses, elles sont toutes vues en consultation prénatale, ce qui n’est pas encore le cas. Les nouvelles directives édictées par le Ministère de la santé et de la lutte contre le sida doivent connaître une application rapide partout par le biais des formations et la mise à disposition sans discontinuer des intrants. Il est aussi bien de savoir, que nous devons procéder dans la perspective de l’élimination, à la délégation des tâches qui permet au personnel non médical de prendre en charge entière les femmes et les enfants exposés. Il faut vulgariser les stratégies « Point of care » qui rendent possible, la mesure de l’immunité partout en vue d’appliquer au mieux les nouveaux protocoles.
Votre Ong, la Fondation Ariel Glaser a été désignée dans le cadre de l’appui du fonds américain, le Pepfar, pour soutenir la lutte contre le sida dans la région du Gboklê-Nawa (San-Pedro, Sassandra, Soubré et Guéyo). Comment vous déclinez l’objectif de zéro discrimination, zéro décès lié au sida et zéro nouvelle infection dans cette région?
L’objectif zéro passe par une couverture de toute la zone en activités de lutte contre le Sida et particulièrement en PTME. Nous allons nous y attelés en collaboration avec la direction régionale de la santé, les directions départementales de la santé et le personnels. Nous allons mesurer sur une base régulière nos efforts, analyser les donner en vue de corriger les faiblesses constatées. Nous allons procéder à des formations de l’ensemble du personnel partout dans la région et faire une assistance technique régulière sur les sites. Tout ceci, bien sûr dans le cadre du Pepfar qui est notre soutien financier.
