Le VIAGRA : Drogue Récréative

18 août 20079min8580

Il est 7h du matin et Simon s’éclate toujours, avec des milliers d’autres danseurs, au son de la musique house qui rythme avec puissance le Bal en blanc. Simon a gobé beaucoup d’ecstasy. Trois pilules pour traverser une longue nuit de fête.


Puis, Simon (nom fictif) a soudain envie de contacts sexuels. L’ecstasy, n’est-ce pas la drogue de l’amour qui accroît le désir de toucher et d’être touché? Bien sûr. Mais il y a un os. « Tu as le goût de baiser quand tu as pris de la E (ecstasy), mais tu n’es pas capable de garder une érection. C’est purement physique », confie l’étudiant de 23 ans, préférant taire son identité.


Comment régler ce gênant pépin d’ordre mécanique? Simon a tout prévu pour que la nuit la plus longue se prolonge… ailleurs. Il plonge la main dans sa poche et sort un comprimé de Viagra, qu’il avale aussitôt. Premier contact avec le losange aux bouts arrondis. Pendant quelques minutes, Simon voit la vie en bleu, mais, vers 8h, son coeur se met à palpiter anormalement. « Au début, il allait super vite comme si j’avais couru un marathon. Puis, il sautait des battements et ralentissait. J’ai paniqué », se remémore-t-il.


L’ambulance a cueilli Simon, qui a fini sa nuit de fiesta branché à un moniteur cardiaque. Sa consommation de pilules lui aura valu un séjour de 24 heures à l’hôpital. « J’ai vraiment eu ma leçon », dit l’étudiant.


Tout comme l’ecstasy ou le speed, le Viagra a gagné les rangs des drogues récréatives consommées par les adeptes de boîtes de nuit, autant à Montréal ou New York que Londres. « Je connais plein de gens qui en prennent. Ça marche depuis que le Viagra est disponible sur le marché », explique Simon.


The Village Voice, hebdo branché de New York, dressait récemment une liste des nouveaux convertis à la célèbre pilule, mise au point par Pfizer, qui combat l’impuissance masculine. Des acteurs pornos. Des escortes mâles. Des culturistes es-pérant contrecarrer les effets réducteurs des stéroïdes. Des ravers et clubbeurs en quête de nouvelles sensations. Des participants à des parties de baise privées très sélectes. De jeunes anxieux qui veulent s’assurer d’une performance béton au lit.


En Angleterre, 3% des habitués d’une boîte de nuit ont admis devant deux chercheurs de l’Université de Manchester avoir pris la fameuse pilule bleue quelques semaines après sa commercialisation, selon le British Medical Journal. Ces fêtards, 15 des 519 personnes interviewées, dont cinq femmes, ont fait état « d’expériences positives » et de sensations de chaleur. La plupart avaient mélangé leur Viagra avec de l’alcool, des drogues illégales (cocaïne, ecstasy, LSD, marijuana) ou des poppers, ces vasodilatateurs à base de nitrite d’amyle qui sont inhalés à partir de petits flacons.


Dimanche soir, la Fondation Bad Boy Club Montréal remettait aux participants à son immense party Black & Blue un petit dépliant sur les dangers de la consommation de drogue. Aux côtés du GHB, du speed, de la kétamine, de la cocaïne et de l’ecstasy, le Viagra s’est taillé une place, à la toute fin du livret. « Parmi les effets secondaires possibles, on compte les maux de tête, les étourdissements et les troubles de vision. (…) Il ne faut jamais utiliser le Viagra plus d’une fois dans une période de 48 heures », peut-on y lire.


L’absorption de Viagra par des noctambules montréalais en parfaite santé est encore marginale en comparaison avec leurs semblables de Manchester. « Ça ne semble pas être encore très répandu ici et ça touche principalement une clientèle gay », dit le Dr Benoît Trottier, qui travaille à la clinique l’Actuel et au département de toxicologie de l’hôpital Saint-Luc.


Depuis près de quatre ans, Jean-Sébastien Fallu, fondateur du Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP), patrouille les raves de la région de Montréal pour distribuer de l’information sur les drogues synthétiques. Et le Viagra? « Certains en utilisent, mais ce n’est pas très commun », dit l’étudiant au doctorat en psychologie à l’Université de Montréal.


Les ravers connaissent bien peu les effets des substances illicites qu’ils gobent, croit Jean-Sébastien Fallu. Par exemple, poppers et Viagra ne doivent jamais être invités à la même soirée. « Il est extrêmement dangereux de mélanger le Viagra avec des nitrates. Cela peut provoquer une importante baisse de pression artérielle et causer une crise cardiaque mortelle », note le porte-parole de Pfizer Canada, Don Sancton, en rappelant que le Viagra est un médicament vendu exclusivement sur ordonnance et qui ne doit jamais être consommé sans l’accord d’un médecin.


Le Viagra est en effet proscrit pour toute personne qui absorbe des comprimés à base de nitroglycérine, dit le Dr Trottier. Est-il nécessaire de rappeler que ce médicament « miracle » n’est pas un aphrodisiaque et n’a donc aucun effet sur la libido?


Les jeunes et moins jeunes qui font un usage récréatif du Viagra s’exposent aussi au priapisme, une érection non volontaire qui persiste longtemps. Très longtemps. « C’est très douloureux et ça nécessite une opération d’urgence », dit le Dr Trottier. Le priapisme peut même conduire à l’impuissance définitive.


En un an, les ventes mondiales de Viagra ont franchi le cap du milliard de dollars. La pilule bleue de Pfizer est apparue sur les tablettes des pharmacies québécoises en mars 1999, soit sept mois après sa commercialisation en Angleterre et un an après son lancement hyper-médiatisé aux États-Unis.


Comment un médicament vendu sur ordonnance peut-il circuler aussi facilement dans les bars, raves et autres partys? C’est un copain médecin de Simon qui lui a refilé une prescription. Le jeune homme, en bonne santé, n’a eu qu’à se pointer au comptoir d’une pharmacie, d’où il est reparti avec les fameuses plaquettes de Viagra. Un jeu d’enfant.


« Quelqu’un qui a une ordonnance valide peut acheter du Viagra, le vendre ou le donner à n’importe qui. Aucun individu n’est obligé de prendre les médicaments qui lui sont prescrits », souligne Don Sancton.


Il y a aussi les traditionnels revendeurs, souligne Simon. Le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM) n’a pas encore mis au jour de marché noir de la pilule bleue. Aucune saisie de Viagra n’a été effectuée dans la région.


Il reste donc le Web.


Source : www.etape.qc.ca

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