Afrique du Sud: Sous-estimation des infections au VIH contractées à l`hôpital

9 décembre 20099min5350

La transmission du VIH par le sang dans le cadre de pratiques de  santé dangereuses a été sous-estimée dans l’épidémie de VIH/SIDA qui  sévit en Afrique subsaharienne, selon plusieurs chercheurs et  épidémiologistes.

Dans le numéro de décembre de l’International Journal of STD (MST,  ou maladies transmises sexuellement) and AIDS (IJSA), ceux-ci affirment  que l’opportunisme politique a motivé les gouvernements africains et  les bailleurs de fonds internationaux à minimiser délibérément  l’importance des infections transmises par le sang. Il était en effet  plus facile de blâmer certains individus et certaines pratiques  sexuelles que de prendre ses responsabilités pour assurer des soins de  santé plus sûrs.

Une étude réalisée sur des enfants Swazi séropositifs âgés de 2 à 12  ans et basée sur des données tirées de l’enquête démographique et de  santé du Swaziland (Swaziland Demographic and Health Survey) pour  2006-2007 a découvert qu’au sein de l’échantillon, un enfant sur cinq  avait une mère séronégative.

Écartant la possibilité que des abus sexuels sur les enfants  puissent être à l’origine d’une telle quantité d’infections, les  auteurs ont évoqué la possibilité que les aiguilles contaminées  utilisées pour administrer des vaccins et des injections soient  responsables de ces infections.

L’argument a été renforcé par une étude kenyane qui met en évidence  que les enfants séropositifs dont la mère est séronégative ont été plus  exposés à la contamination par le sang que leurs frères et sà « urs  séronégatifs dans le cadre de traitements contre le paludisme, de  chirurgies dentaires et de vaccinations.

L’étude a soulevé un tollé au Swaziland. L’Association des  infirmières du Swaziland a démenti avec virulence l’usage multiple des  aiguilles et qualifié les résultats de la recherche de « bêtises »,  selon ce qu’a rapporté un journal local.

Selon une autre étude, publiée dans le journal de la British  Association of Sexual Health and HIV (Association britannique pour la  santé sexuelle et le VIH), les patients qui se rendaient sur une base  volontaire dans les centres de dépistage et de conseil gérés par le  centre hospitalier de l’université de Calabar, dans le sud-est du  Nigeria, et qui ont contracté le VIH avaient été plus souvent soumis à  des tests sanguins, des vaccinations, des transfusions ou des  interventions chirurgicales que ceux qui n’ont pas contracté la maladie.

Dans leurs articles sur les injections dangereuses, le professeur  Anton van Niekerk, du Centre de recherche en physique appliquée de  l’université de Stellenbosch, et ses co-auteurs font remarquer que  l’Afrique du Sud est l’un des rares pays de la région qui n’exige pas  l’emploi de seringues non-réutilisables pour l’administration de  vaccins.

Ils citent des rapports récents qui indiquent des lacunes répandues  dans le contrôle des infections, notamment dans les cliniques dentaires  publiques et les services de pédiatrie et de maternité. Ils font  également remarquer que plus d’un quart des individus classés dans la  catégorie « récemment infecté par le VIH » lors d’une enquête nationale  de prévalence du VIH réalisée en 2005 affirmaient ne pas avoir été  sexuellement actifs dans les derniers 12 mois.

Selon les auteurs, si ces résultats avaient été obtenus dans un pays  industrialisé, ils n’auraient pas été écartés sous prétexte que les  répondants peuvent mentir au sujet de leur vie sexuelle, et auraient  même entraîné une enquête plus approfondie.

Surestimation de la transmission sexuelle

S’exprimant sur ces études, Moritz Hunsmann, chercheur à l’École des  hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, écrit que « le  comportement sexuel n’est qu’un aspect de la question, et qu’il ne  suffit certainement pas à expliquer les dynamiques de la propagation de  l’épidémie de VIH en Afrique subsaharienne ».

Il reconnaît que les rapports sexuels sont probablement le principal  mode de transmission du VIH en Afrique subsaharienne et que les  stratégies visant à encourager le changement de comportement devraient  jouer un rôle important dans les politiques de prévention. Il estime  toutefois que la « fixation » sur la transmission sexuelle occulte les  besoins en termes d’amélioration du dépistage sanguin et de  stérilisation des instruments, et permet aux autorités de santé  publique de ne pas être tenues responsables.

Selon M. Hunsmann, les autorités ont des raisons politiques de  cacher au public l’ampleur des infections au VIH transmises par le  sang. « Les leaders africains ne veulent pas que leurs peuples meurent  du SIDA, il n’y aucun doute là-dessus. Mais jusqu’à quel point ceux qui  détiennent actuellement le pouvoir sont-ils prêts à accepter des  changements fondamentaux dans l’allocation des ressources politiques et  économiques afin de s’attaquer efficacement aux facteurs structurels de  l’épidémie ? »

Le professeur David Gisselquist, consultant indépendant en matière  de santé et d’économie, va encore plus loin dans son article sur la  politique du « deux poids, deux mesures » – pour les pays pauvres et  les pays riches – en matière d’éthique de la recherche sur le VIH, de  sécurité des soins de santé et d’études scientifiques. Il prétend que «  la rétention de preuves démontrant… [la réalité des infections au VIH  contractées à l’hôpital] en Afrique est à la fois commune et largement  acceptée par les chercheurs du domaine ».

Le Dr François Venter, directeur de la Southern African HIV  Clinicians Society, n’est guère convaincu. « Il existe de nombreuses  autres facteurs [pour expliquer l’épidémie de VIH en Afrique  subsaharienne] qui n’ont pas été prouvés ou réfutés », a-t-il dit à  IRIN/PlusNews. « Cela soulève des questions intéressantes, mais je ne  pense pas qu’il y ait eu assez de recherches là-dessus, et ce n’est pas  en criant à la conspiration qu’on fait avancer la science ».

M. Venter fait remarquer que les pratiques dangereuses en matière  d’injection n’expliquent pas, par exemple, pourquoi des pays  relativement riches comme le Botswana et l’Afrique du Sud font face à  des épidémies de VIH plus graves que d’autres pays moins riches de la  région.

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiée. Required fields are marked *


A Propos de « Urgences-ci.net« 

URGENCES parce que la santé est primordiale conçu et réalisé par AFRIKTEK – les Leaders de la technologie, est un site de référencement, un guide de santé, voire un genre d’encyclopédie médicale sur Internet.Ce site a pour but de rapprocher les internautes des informations concernant la santé en les orientant et en localisant les sites médicaux selon les différents types de besoins…


NOUS CONTACTER

APPELEZ-NOUS